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Le Sud du Burkina-Faso est sans doute la région
Le Noumbiel est la partie la plus méridionale du Burkina-Faso, aux frontières du Ghana et de la Côte d'Ivoiwe. C'est la région la plus arrosée et par conséquent la plus verte du pays. A cheval sur les terroirs Birifor, Dagara et Lobi, il est composé de cinq départements : Batié, Boussoukoula, Kpéré, Legmoin et Midebdo. Les département de Batié et Legmoin sont peuplés majoritairement de Dagari, ceux de Midebdo et Boussoukoula de Lobi et celui de Kpéré (Kpuéré) de Birifor.
Si c'est la région la plus arrosée du pays (les pluies peuvent durer de mars à novembre et dépasser les 2000mm !), c'est paradoxalement aussi la moins peuplée. Près de 60.000 habitants seulement se partagent cette petite province où les problèmes d'eau en saison sèche sont particulièrement dramatiques. Les sols imperméables font ruisseler l'eau des pluies et la nappe phréatique est très profonde. Par ici, on ne parle pas de puits mais de forages car il faut souvent descendre à plus de 30 ou 40 mètres pour trouver le précieux liquide. Et creuser un forage est très coûteux. Il n'est donc pas rare de voir les femmes, seules à effectuer cette corvée, parcourir plusieurs kilomètres pour quotidiennement se rendre dans un village doté d'un forage pour y récupérer une jarre d'eau. A peine 200 forages (donc 200 points d'eau) sont disponibles sur l'ensemble de la région et certains sont évidemment à sec peu de temps après l'hivernage. A l'inverse de la plupart des autres provinces, le Noumbiel ne bénéficie pas de barrages, excepté celui de Batié datant des années 60. Heureusement, quelques cours d'eau permanents, même s'ils deviennent asthmatiques à partir du mois de janvier, permettent au bétail de s'abreuver et aux maraîchers d'arroser leurs oignons. C'est le cas de la rivière Bambassou.
Le Noumbiel n'a pas le chance de connaître le goudron : pas un seul kilomètre des rares pistes qui traversent la province n'est asphalté. Plus de 200 villages et hameaux doivent donc se contenter du vélo et des quelques rares transports en commun "bâchés" pour se déplacer. En saison d'hivernage, la seule route qui soit praticable est l'axe Gaoua-Batié.
Par ici, l'analphabétisme est courant, en raison du manque notable de structures scolaires. A peine une quarantaine d'écoles primaires et un seul lycée (à Batié) accueillent les élèves de la région, qui pour certains doivent parcourir au total une trentaine de kilomètres chaque jour pour se rendre et revenir de l'école. La situation sanitaire n'est guère plus reluisante avec une dizaine de dispensaires (les CSPS) répartis sur la province et un "hôpital" à Batié. Ajoutée au manque d'eau, cette faible densité de structures sanitaires ne permet pas une amélioration de la santé des habitants, toujours victimes de maladies médiévales.
Par ici, la plupart des ruraux sont des paysans, comme ailleurs faiblement outillés et à la merci de la météo. On y cultive les céréales de subsistance (sorgho, mil, maïs, etc...). Certaines années, hélas nombreuses, la récolte ne suffit pas à remplir les superbes greniers des habitants de la région. Eloignée de tout, elle ne bénéficie pas des projets, aides et parrainages dont une grande partie du Burkina Faso profite. La brousse offre heureusement de quoi assurer une petite rente, notamment aux femmes grâce aux graines de néré et au beurre de karité.
Toutes ces difficultés rencontrées par les habitants du Noumbiel sont d'autant plus tristes que cette zone du Burkina recèle les plus grandes potentialités. La situation le long des frontières ghanéenne et ivoiwiennes est stratégique au niveau commercial même si aujourd'hui l'activité est proche du nul (le marché de Batié n'a qu'une vocation départementale).
La beauté et la tranquillité de cette province fait que c'est l'un des endroits où l'on te conseille évidemment d'aller. Les instruments les plus usités sont le tam-tam et le balafon. On ne les entend résonner que lors des funérailles ou dans les cabarets de dolo très fréquentés dans la Province.
A l'extrême-sud, près de Koulbi, entre Batié et Kpéré, une forêt très arborée annonce les prémices des forêts tropicales humides du Ghana et de Côte d'Ivoiwe.
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