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VISITE DE LA MARE D’OURSI
La mare d’Oursi fait partie des zones dont
l’intérêt est largement partagé
hors des frontières du Burkina Faso. Cette
région est représentative des espaces
sahéliens. En effet, elle concentre en
un espace restreint toutes les caractéristiques
de la région sahélienne
La mare d’Ousi se situe au Nord du Burkina
Faso, dans la province de l’Oudalan. La
région de la mare, incluant le bassin versant,
couvre une superficie de 1200 km².
Deux parties peuvent être distinguées
:
- une plaine méridionale constituée
de butte rocheuses, de glacis et d’un réseau
hydrographique ramifié convergent vers
les dépressions ;
- un socle recouvert de sable formant des successions
de cordons dunaires parallèles haut de
20 à 50 mètres.
Le climat :
La région de l’Oudalan se caractérise
par une longue saison sèche durant de 8
à 10 mois, suivie d’une courte saison
des pluies marquée par un changement brusque
de paysage. Ces pluies ont un caractère
orageux très prononcé et une répartition
spatiale très hétérogène.
Les mesures de températures, d’humidité,
de vitesse et direction des vents et d’évapotanspiration
confirment l’aridité du climat.
L’étude des moyennes interannuelles
des précipitations mensuelles et annuelles
mettent en évidence une variation des précipitations.
Deux périodes peuvent ainsi être
distinguées :
- une période fortement déficitaire
(années 83 et 87): années de sécheresse
qui ont entraîné une crise écologique
- une période avec une pluviométrie
supérieure à la normale : années
76 à 78 ; 86 ; 89 ; 91
Dans l’ensemble, une baisse générale de la pluviosité annuelle est observée depuis 1982. Des auteurs admettent une évolution vers l’aridification avec un allongement de la saison sèche et une diminution de la disponibilité en eau pour les végétaux.
L’hydrographie :
3 traits principaux peuvent caractériser
l’hydrographie de la région :
- la faiblesse générale des pentes
d’écoulement ;
- la brièveté de la période
d’écoulement ;
- l’importance de l’évaporation.
La végétation :
La région de la mare d’Oursi est le domaine de la steppe à épineux, c’est à dire une formation herbeuse ouverte, non parcourue par les feux. Ce type de végétation assure la transition entre la savane soudanienne située plus au sud et la végétation désertique.
La végétation de la région
se singularise par une abondance d’espèces
herbacées qui constitue des pâturages
riches et variés.
Les ligneux sont peu représentés
tant en nombre de pieds qu’en espèces.
Parmi ceux ci, Acacia raddiana domine, alors que
Pterocarpus lupens est en voie de disparition.
Homes et activités :
4 principaux groupes ethniques coexistent : les Bella, les Peul, les Sonraï et les Touaregs.
Les facteurs de concentration humaine sont la présence d’eau et l’existence de terres arables.
L’élevage constitue l’activité principale de la population de cette région. Il assure la plus grande partie de l’alimentation et constitue la principale source de revenus. Les troupeaux constituent un capital pour l’éleveur sahélien, mais il est précaire car tributaire des ressources naturelles soumises à de fortes variations d’une année sur l’autre. La gestion de ce capital est peu productive, non seulement elle ne permet pas de couvrir les besoins en bien de consommation des éleveurs, mais encore elle fragilise beaucoup le milieu qui est sensé le faire fructifié.
La mare d’Oursi :
• flore et végétation au niveau de la mare :
103 espèces ont été recensées
dont plus de la moitié sont fourragères
et une trentaine comestibles. Cette végétation
est particulière et semble être l’une
des spécificités attirant les oiseaux
qui viennent s’y abriter et s’y reproduire.
Deux facteurs importants rythment annuellement
le développement et la dynamique de la
végétation :
- la crue annuelle de saison pluvieuse (juillet
à septembre – octobre)
- la saison sèche d’octobre à
juin, qui peut conduire à un assèchement
absolu de la mare.
La végétation aquatique et semi
aquatique de la mare a donc un développement
cyclique lié à la saison pluvieuse
et à la crue ainsi qu’à l’action
humaine et animale.
Ainsi, la mare asséchée peut être
parfois d’une nudité absolue à
la fin de la saison sèche, mais dés
l’arrivée des premières pluies,
ces surfaces reverdissent rapidement. Au fur et
à mesure que la crue monte, il se produit
une structuration de la végétation
en fonction de la profondeur de l’eau dans
les mares et dans certain cas de la nature des
sols. Le développement de la végétation
atteint son optimum en septembre, période
qui coïncide généralement avec
la fin de la saison des pluies.
• Avifaune :
Le Sahel se révèle être attractif
pour les oiseaux migrateurs, terrestres et aquatiques.
Ainsi, 106 espèces d’oiseaux ont
été recensées dans la mare
d’Oursi, dont une cinquantaine d’espèces
paléartiques. Les oiseaux migrateurs paléartiques
viennent trouver des niches écologiques
libres, à nourriture abondante. En générale,
entre migrateurs et autochtones, il y a peu de
compétition. Dans certain cas, l’arrivée
de groupe paléartique coïncide avec
l’abandon temporaire du milieu par les groupes
autochtones.
L’étude du peuplement avifaunistique
permet d’avoir une bonne représentation
du degré d’anthropisation du milieu
mais aussi de sa richesse écologique.
• Impact des animaux :
Après la saison des pluies, 7000 à 8000 têtes de bétails peuvent fréquenter quotidiennement la mare, et leur impacte y est très importants. Les déplacements des animaux vers la mare combinés à l’érosion éolienne entraînent une grande quantité d’éléments solides vers celle ci, ce qui provoque son comblement.
La dune d’Oursi :
La surface de la dune est passée de 20 ha en 1955 à 224 ha en 1988.
Une mortalité massive de certaines plantes
ligneuses est constatée dans la région
depuis les grandes sécheresses de 1972.
Certaines espèces résistent (Acacia
raddiana) alors que d’autre sont très
touchées (Pterocarpus lupens).
La mortalité des plantes progresse du nord
vers le sud et augmente provisoirement les possibilités
d’approvisionnement de la population en
bois de chauffe, mais son ramassage favorise l’érosion
hydrique et éolienne des sols.
Les facteurs climatiques combinés aux actions
humaines (culture, pâturage, piétinement,
mise à disposition du feuillage des plantes
ligneuses au bétail et utilisation pour
couvrir les besoins énergétiques
de la population...) entraînent une destruction
du couvert végétal qui met les particules
de sables à nu et permet ainsi leur entraînement
par l’eau et les vents dominants. Ces déplacements
de particules de sable sont en train de provoquer
l’engloutissement du village d’Oursi,
l’encombrement de la mare et la diminution
des terres cultivables.
Une des solutions proposées est la fixation
de la dune de sable par l’utilisation des
plantes ligneuses judicieusement sélectionnées
et conditionnées conjointement à
la végétation herbacée, sans
apport d’eau et en se basant uniquement
sur les précipitation naturelles. Cette
action conduirait à une fixation en profondeur,
donc à long terme, et à la mise
en valeur des dunes. Cette fixation des dunes
vives s’inscrit dans les actions de lutte
contre la désertification par la récupération
des terres dégradées.
Conclusion :
La région de la mare d’Oursi est un milieu sur lequel s’exerce des pressions intenses, pouvant conduire à une dégradation irréversible. Pourtant, cette région constitue une réserve de biomasse qui nourrit des milliers de têtes de bétails pendant 6 à 7 mois de l’année et un lieu de séjour d’une riche avifaune. La région de la mare d’Oursi a donc une importance socio-économique considérable, et il apparaît comme indispensable de préserver ce milieu.
Bibliographie
GANABA (1994) - Rôle des structures racinaires
dans la dynamique du peuplement ligneux de la
région de la mare d’Oursi (Burkina
Faso) entre 1980 et1992 (Thèse de doctorat
de 3è cycle)
KABORE (2000) Contribution à la fixation
de la dune d’Oursi par l’étude
de la distribution et du bouturage de Leptadenia
pyrotechnica (Forsk). Decne (Rapport de stage
de fin d’études)
LES ACTES (1992) – Colloque Scientifique
International sur la mare d’Oursi (CNRST)
OUEDRAOGO et al. (1995) – Etude en vue de
l’élaboration d’un plan d’aménagement
de la mare d’Oursi (Rapport provisoire,
IRBET)